« Quantitative easing » et politique monétaire

On parle pas mal actuellement de « quantitative easing » aux Etats-Unis. Qu’est-ce donc ? En gros, c’est le fait pour la Banque centrale d’accroître de manière conséquente l’offre de monnaie de manière à stimuler l’économie. Mais je vous conseille plutôt de regarder cette vidéo, très bien faite, qui explique tout ça bien mieux que je ne pourrais le faire.

Robert Lucas indique que, en dépit du fait que les principaux taux d’intérêt aux Etats-Unis soient déjà tombés à zéro, la politique monétaire reste le meilleur moyen de stimuler l’activité économique, précisément grâce au « quantitative easing ». De manière schématique, la Fed doit acheter des bons du Trésor et autres actifs sûrs. L’accroissement de la demande pour ces actifs qui en résulte induit une baisse de leurs taux d’intérêts, ce qui va rendre leur achat moins intéressant pour les banques commerciales qui finiront peut être alors par prêter la monnaie dont elles disposent aux ménages et entreprises. Lucas et d’autres privilégient la politique monétaire car, comme le ldit Lucas, « It entails no new government enterprises, no government equity positions in private enterprises, no price fixing or other controls on the operation of individual businesses, and no government role in the allocation of capital across different activities. These seem to me important virtues ». En clair, contrairement à ce qui se passe en cas de relance budgétaire, ce n’est pas l’Etat qui décide de l’allocation des fonds et des ressources.

Les partisans de la relance budgétaire, comme Thoma ou Krugman, considèrent que l’argument du risque de mauvaise allocation des ressources ne tient pas pour la bonne et simple raison que la dépense publique doit essentiellement être dirigée vers des biens publics dont on sait que le marché ne peut assurer la production seul. A cela s’ajoute que les keynésiens purs insistent que l’on est dans une situation de trappe à liquidité qui rend toute politique monétaire inefficace.

Je me permettrai juste de dire que l’argument des biens publics me parait un brin faiblard. Certes, on peut considérer que des routes, des ponts ou des réseaux de télécommunications sont des biens publics (ce qui peut se discuter d’ailleurs) mais cela ne change rien à l’affaire : un bien public peut être plus ou moins utile comme tout autre bien. Avoir dix routes sur un seul et même trajet ne sert peut être pas à grand chose. J’ajouterai qu’il ne faut pas oublier la dimension « public choice » du problème. Que ce soit aux Etats-Unis avec l’industrie automobile ou en France, il est à craindre qu’une partie de la relance budgétaire serve à satisfaire aux desiderata des divers groupes de pression ou d’intérêt. 

4 Commentaires

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4 réponses à “« Quantitative easing » et politique monétaire

  1. hétérodoxe

    la politique monétaire sera complètement passive. La quantité de monnaie supplémentaire restera au chaud dans les coffres des banques. Avec le climat d’incertitude qui règne, les emprunteurs risques de différer leurs investissements…

    joyeux noels^^

  2. Gu Si Fang

    « […] les banques commerciales qui finiront peut être alors par prêter la monnaie dont elles disposent aux ménages et entreprises. »

    Et le fait que les banques prêtent plus serait une « bonne » chose?

    Selon quel critère? Qu’est-ce qui caractérise le « bon » niveau global de crédit? Qu’est-ce qui différencie un « bon » prêt d’un « mauvais »? Y a-t-il d’autres critères pertinents pour le marché du crédit?

  3. C.H.

    Je ne sais pas s’il existe un volume optimal de crédit. Par contre, il y a quelques indicateurs qui permettent de savoir si une économie tourne ou non correctement. Le taux de chômage par exemple. Un taux de chômage qui monte brutalement et/ou qui s’écarte du plein emploi indique qu’il y a quelque chose qui cloche, ou à tout le moins qu’il est peut être possible de le faire baisser. L’outil monétaire peut servir à cela.

  4. masai mara

    Je tiens juste à préciser qu’au second paragraphe, à la cinquième ligne; l’auteur a omis de mentionner que L’accroissement de la demande pour ces actifs qui en résulte « la hausse des prix de ceux-ci, ce qui » induit une baisse de leurs taux d’intérêts, du fait que ceux-là ce trouve au dénominateur dans le calcul du prix de ce genre d’actifs, et c’est bien connu que lorsque quelque chose au dénominateur baisse, cela implique immédiatement la hausse du résultat global.

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